REPLAY DU MARDI 06 AVRIL 2021

Les enjeux de la réathlétisation pour un retour post opératoire optimisé

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Programme :

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La démocratisation d’une étape-clé avant la reprise

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Votre patient est un athlète de haut niveau

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L’intérêt des tests fonctionnels dans la prise de décision du retour terrain

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Bon pied bon oeil… Les secrets d’un retour optimisé ?

Intervenants

Questions posées sur le chat en direct : 

Question 1 : Quels marqueurs fiables puis-je suivre de manière fiable et reproductible lorsque je ne dispose pas de tout l’attirail du sportif de haut niveau ?

Gregory Vigne : Si c’est une évaluation du retour au sport, l’idée avec le K-Start c’est qu’il nous renvoie à des qualités physiques en fonction des tests que l’on a passés, et on obtient un score sur 100 points qui nous permet d’avoir une évaluation du niveau fonctionnel.

Gregory Marquet : par rapport à d’autres marqueurs autres que le retour au sport, il y a des dynamomètres qui permettent de mesurer pas mal de choses sur des pressions mises contre un mur ou entre deux jambes, qui permettent d’avoir des indicateurs sur les niveaux de force appliquées.

Yohan Casin : Il est intéressant d’aller voir un chirurgien ou un préparateur physique et de leur demander quels sont les tests qu’ils conseillent.

Question 2Est-ce que la qualité de la réathlétisation ne dépend pas avant tout de la motivation du patient ?

Grégory Marquet : l’athlète lorsqu’il se blesse, s’il ne rentre pas dans son processus de guérison va avoir du mal à revenir. Il est aussi possible de se faire aider mentalement sur l’appréhension, le retour à la performance,  la confiance, etc. Il faut que le préparateur et le kinésithérapeute travaillent en synergie dès le départ, et établir un continuum de travail avec l’espace de travail de chacun, les deux sont liés.

Yohan Casin : l’activité physique est top pour gérer la douleur. Souvent on oublie que le sportif de haut niveau est addict à l’adrénaline et l’endorphine musculaire et donc si d’un seul coup il y a un changement brutal c’est vital.

Patrick Berdoulet : il est important en tant que kiné de faire des tests psychologiques. Si on voit qu’en fonction des réponses, le sujet est dans un système d’appréhension, il est recommandé qu’il aille voir un préparateur mental ou psychologue pour l’aider à franchir cette barrière et reprendre ses activités. C’est un travail d’équipe.

Question 3Que pensez-vous de la pertinence d’une méthode alternative comme le Blood Flow Restriction en réathlétisation ?

BFR : Brassard de compression à la racine du membre (soit aux cuisses soit aux bras souvent) qui bloquent le flux sanguin.

Yohan Casin : moi j’aime bien sur l’aspect stress-neurovégétatif, parce que sur la douleur et la gestion au départ de l’individu c’est très intéressant, et comme on fait de l’isométrie il n’y a pas de prise de risque au départ. C’est intéressant pour provoquer un afflux sanguin et une adaptation et résistance du tissu.

Gregory Marquet : je pense que c’est intéressant sur la partie rééducation. Après pour d’autres problématiques de force et de développement de force, là c’est un peu plus complexe sur le dosage et cela ne se passe pas de la même façon. C’est très pertinent pour tout ce qui est rééducation et retour à la compétition mais pas sur de la réathlétisation.

Patrick Berdoulet : il est intéressant en début de rééducation. Cela permet de faire un travail de renforcement avec une RM qui est diminué sur ce que l’on peut faire avec des charges. On peut commencer très tôt une musculation.

Question 4 : La réathlétisation n’est-elle pas une étape indispensable chez toute personne qui reprend une activité physique par exemple en Sport-Santé?

Gregory Vigne : Il s’agit d’une étape indispensable dans toute prise en charge. Elle permet de recouvrir des capacités musculaires et fonctionnelles « de base » permettant ensuite une préparation physique spécifique à l’activité pratiquée.

Gregory Marquet : Pour une personne qui reprend une activité physique après blessure, on parlera toujours de réathlétisation. Pour une personne qui reprend une activité physique après un simple arrêt, on parlera plutôt de remise en forme. Néanmoins, la réathlétisation est toujours une étape de reprise post-blessure et  rééducation quel que soit le sportif. La différence majeure réside dans le staff et les moyens mis à disposition pour le sportif de haut niveau et la progressivité des protocoles et méthodes de travail, par rapport au sportif amateur livré à lui même.

Question 5 : Que pensez-vous de la supplémentation alimentaire pour faciliter un retour plus rapide sur les terrains?

Gregory Marquet : Je ne pense pas  que la supplémentation soit une valeur ajoutée essentielle qui permette de revenir au plus vite. L’alimentation et la qualité de celle-ci est par contre primordiale et doit être régulée par des professionnels de ce secteur. En effet, les besoins nutritionnels pour les blessés ne sont pas les mêmes que les athlètes s’entraînant au quotidien. Toutefois, se réfugier dans les suppléments n’est pas la solution car il y a tellement de ressources dans nos aliments au quotidien. Je crois sincèrement que c’est la facilité d’utilisation qui force les sportifs à favoriser les compléments. Ce n’est pas sans risque que d’en abuser car certaines blessures peuvent provenir de cet abus ou mauvais dosage…

Gregory Vigne : Il y a un article de Bongiovanni en 2020 sur la supplémentation pour améliorer la récupération type jus de betterave et jus de Grenade entre autres. Je pense que la supplémentation est intéressante pour améliorer la qualité de « remodelage » musculaire et la capacité de récupération. En revanche, je ne sais pas si l’on peut parler d’un retour plus rapide. Le retour sur le terrain dépend de plusieurs autres éléments qui doivent être maîtrisés. La supplémentation peut être facilitante.

Question 6 : Le test isocinétique est-il un test fiable pour la reprise sur le terrain ? N’est-il pas trop éloigné du terrain ?

Gregory Marquet : Les tests isocinétiques permettent de quantifier des niveaux de force musculaire et des déséquilibres entre deux membres, ou des ratios entre groupes musculaires. Ils ont un intérêt en effet dans la reprise à l’entraînement et dans la capacité à observer les progrès fait lors de la rééducation et de la réathlétisation. Je pense que GREGORY VIGNE sera le plus à même de développer ce sujet aux vues de son expertise dans le domaine.

Gregory Vigne : Le test isocinétique seul ne peut être un argument pour une reprise de terrain. Il doit être couplé à une évaluation fonctionnelle. Son avantage est une évaluation spécifique d’un groupe musculaire en mode concentrique et excentrique (Quadriceps et ischio-jambiers) dans le cas d’une évaluation du genou. Il est le strict reflet de la force musculaire sans compensation.

Question 7 : Peut-on se fier aux asymétries côtés sain / côté lésé sachant qu’il existe des asymétries avant la lésion?

Gregory Vigne : Pour le membre inférieur, le fait d’avoir des asymétries avant la blessure a peut-être engendré cette blessure. La spécificité sportive peut engendrer des asymétries. En revanche, il ne faut pas les considérer comme normales car elles vont engendrer des compensations qui peuvent à leur tour engendrer une sur-sollicitation et donc des blessures. Après une opération du LCA, les évaluations isocinétiques et fonctionnelles se font à 6 mois sans qu’il n’y ait eu de reprise sportive normale donc pas de raison de considérer une asymétrie comme normale.

Gregory Marquet : En effet, il y a toujours des asymétries entre côté sain et le côté lésé. A partir du moment où les choses ont été analysées en amont, nous avons des données objectives pour comparer les valeurs pré-blessures, pendant la blessure, post-blessure. A mon sens, les asymétries peuvent être acceptées si le sportif ne se blesse pas à répétitions à cause de ratio non conventionnels. Cependant, s’ils se blesse très souvent, parfois, ces déséquilibres doivent être pris en compte dans la performance.
Il y  a quand même des indicateurs fiables dans tous ces ratios qui permettent de définir les bons moments pour des reprises d’activités suite à blessure. Là également, je pense que l’expertise de Yohan Casin sur le sujet permettra d’approfondir la  question.

Question 8 : Pour les sportifs de haut niveau, avez-vous mis dans l’application des prises de mesure régulières en amont sur des moments ou les sportifs ne sont pas blessés pour avoir une base de travail en aval?

Gregory Marquet : En effet nous pouvons suivre un maximum d’éléments sur l’application, le but pour celui qui s’en sert notamment l’entraîneur ou le préparateur physique est de pouvoir suivre longitudinalement les différents facteurs de la performance en amont, pendant et en aval de la blessure s’il y en a une évidemment.

Le principe de fonctionnement de l’application et de pouvoir générer assez d’informations pour que le staff ou les personnes qui suivent l’athlète puissent prendre les meilleures décisions. Le but étant d’anticiper les problématiques de blessures, même si nous ne sommes jamais sûr à 100 % de ce qu’il va arriver car il serait délicat de rentre dans la vie privée de l’athlète quand il a fini son entraînement…

Je pense sincèrement que malgré tout quand on a des retours probants et clairs sur ce qui a été fait, cela permet d’analyser l’efficacité de notre travail et la capacité de l’athlète à y répondre correctement. Ces informations doivent avant tout nous permettre de prendre les bonnes décisions au quotidien et d’adapter nos contenus d’entraînements en analysant ce qui est « contrôlable » dans chaque infrastructure.

C’est avant tout le savoir faire de l’entraîneur qui va être déterminant dans l’analyse des données.

L’application n’est pas la pour vous dire ce que vous devez travailler mais pour faire un état des lieux de la quantité et qualité de l’entraînement afin d’objectiver votre décision sur le travail à venir.